Apologue

Son histoire

    Toutefois, c'est souvent le Grec Ésope qui est considéré comme le fondateur du genre. Cet ancien esclave, qui aurait vécu au vie siècle av. J.-C., a laissé quelques centaines de fables mettant en scène des animaux et développant une morale facile à comprendre. Cette tradition, apparue semble-t-il en Ionie, a été prolongée à Rome par Phèdre et par de nombreux imitateurs et traducteurs, et l'étude des fables d'Ésope faisait partie de l'enseignement de base des jeunes Grecs de l'Antiquité. Une deuxième veine vient d'Orient, via le célèbre recueil sanskrit du Pañchatantra aux premiers siècles de notre ère en Inde et sa version en arabe, connue en Perse et dans les pays arabes sous le nom de Kalila et DimnaEn fait, l'Antiquité a connu deux formes essentielles d'apologue : les fables — en prose du grec Ésope, en vers du latin Phèdre auxquelles on ajoutera les textes indiens — et les paraboles de l'Évangile. Si les premières utilisent très souvent des animaux comme personnages, les secondes mettent en scène des êtres humains à qui se trouve délivré un enseignement moral issu des paroles du Christ.

      Entre le Ve et le XVe siècle, le genre de la fable connait une production stable et une réception active. En latin, en plus du recueil de Phèdre, celui d'Avianus -composé vers l'an 400- rassemble des fables en distiques élégiaques, tandis que le recueil de Romulus regroupe une centaine de fables en prose latine. Ce dernier ouvrage est le point de départ de plusieurs recueils durant le Moyen Âge central, dont la très célèbre adaptation en distiques élégiaques dite « de l'Anonyme de Nevelet ». En français, vers 1190, Marie de France signe un recueil de cent quatre fables en vers qui sont, selon Jeanne-Marie Boivin, plus célèbres que ses Lais. On connaît l'apologue au Moyen Âge sous le nom d'isopet et ce genre connaîtra un grand succès. Deux isopets en vers réécrivent l’Ésope médiéval : l'Isopet de Chartres et l'Isopet II de Paris, tandis que deux Isopets en vers réécrivent le Romulus : l'Isopet de Lyon et l'Isopet I. Du côté de la prose, un traducteur anonyme du XIIIe siècle donne en version française les Parabolæ d'Eudes de Cheriton. Enfin, Julien Macho traduit l’Ésope médiéval latin vers 14805.

      La tradition ésopique nous est aussi parvenue grâce à Jean de La Fontaine, par le truchement du fabuliste latin Phèdre, et par l'humanisme au XVIe siècle. On doit à Phèdre et aux humaniste des traductions et des imitations des fables antiques. Mais si La Fontaine reconnaît ce modèle, puisqu'il considère Ésope comme « l'oracle de la Grèce » qu'il en reprend la trame narrative, il s'approprie le genre pour lui donner des caractéristiques particulières. et puise à toutes les sources antiques ainsi aux sources orientales connues plus récemment — le Pañchatantra — pour composer des textes dont la vocation éducative est clairement définie dans la préface. Une partie de ses fables les plus connues sont des textes attribués à Ésope, repris parfois par Phèdre, comme Le Corbeau et le Renard, Le Loup et l'Agneau, ou encore Le Roseau et l'Olivier devenu Le Chêne et le Roseau). C'est avec La Fontaine que le genre atteint sans doute son sommet. Mais, l'apologue ne se réduira pas à la fable : le christianisme développera d'autres formes narratives : parabole, conte, nouvelle, image.

      Au siècle suivant, Jean-Pierre Claris de Florian compose lui aussi des fables, mais après le XVIIIe siècle, seuls quelques écrivains s'en inspirent, pour en faire des pastiches ou des parodies, comme Victor Hugo, Tristan Corbière et, au XXe siècle, Jean Anouilh et Raymond Queneau. Puis de nos jours, il devient encore plus rare, mais on peut trouver avec quelque auteur, comme l'auteur Paulo Coelho par exemple.

Ses caractéristiques

Définition : L'apologue est un court récit en prose ou en vers, dont on tire une instruction morale qui peut être formulée explicitement ou implicitement. La visée de l'apologue est donc argumentative. L'apologue propose des personnages et des situations symboliques, représentatifs de la morale que l'auteur veut en dégager. Les personnages sont stérotype, le cadre spatio-temporelle est flou et la morales est explicite ou implicite. En grec apologos qui signifie "récit détaillé". On peut le trouver dans différent genre littéraire, même s'il est souvent contonné à 4 genre (la fable, le conte, l'utopie et la parabole).

  ♦C'est un récit.
  ♦Il est court.
  ♦Sous forme allégorique (=symbolique, l'apologue est un exemple particulier qui doit être extrapolable au cas général.)
  ♦Il contient un enseignement moral (portée didactique).

      L'apologue tient au fait qu'il implique un double niveau de lecture, qui correspond à sa double fonction : divertir et instruire. A un premier niveau de lecture, l'apologue propose une histoire généralement simple, ordinaire avec des personnages représentatifs d'une société. Un second niveau de lecture doit amener le lecteur à interroger son sens, à en dégager la valeur symbolique et les enseignements qui peuvent en être déduits. Les acteurs sont habituellement des animaux; souvent aussi des êtres métaphysiques, tels que les vertus et les vices; des êtres surnaturels, dieux, génies, magiciens; des êtres inanimés, plantes, végétaux, pierres, minéraux, etc. L'auteur de l'apologue a le privilège de tout animer, de tout personnifier; on ne lui demande que de conserver à chaque être, à chaque objet, le caractère qui lui est ou qu'on doit lui supposer propre. D'où il suit que la qualité principale, essentielle du style de l'apologue, est le naturel. Le ton général doit en être simple et familier, sans négligence ni platitude ; on aime à voir dans l'expression une finesse naïve, de l'enjouement dans les peintures, de la grâce dans les descriptions, qui doivent toujours être courtes et vives. Des réflexions amenées naturellement et faites avec simplicité peuvent ajouter au sens et à la solidité de l'apologue; et si elles se mêlent à la peinture naïve du sentiment.

      D'une manière générale, on peut dire que les apologues orientaux forment des textes beaucoup plus long, qui sont reliés entre eux, par le fil d'un récit. Ces histoires présentent souvent une morale de portée collective, contrairement aux apologues en Occidents, qui se terminent en général par une morale individuelle

Les formes de l'apologue

On le trouve principalement sous 4 formes- genre :

➖Les contes : Dans le conte, l'aventure vécue par le héros a pour but de susciter une réflexion morale et sociale ; son enjeu est didactique. Il obéit à un schéma narratif récurrent : une situation initiale (fondée sur un bonheur ou un malheur) remis en cause par un événement perturbateur (maléfique ou bénéfique) et une série d'aventures qui amène à un nouvel équilibre final. Les personnages du conte, sont peu caractérisés pour que le destinataire puisse s'y identifier. Ce sont des archétypes : modèles représentant un trait, un caractère,...

➖La fable : La fable met souvent en scène des animaux symbolisant le monde des Hommes et des situations exemplaires. Le récit invite à procéder par induction : passer du cas particulier à une réflexion générale. Un art de la séduction : la fable est un discours argumentatif fondé sur la persuasion. Il s'agit d'entraîner l'adhésion du lecteur par le récit (l'humour ou l'émotion, la diversité et le plaisir même de son écriture poétique) plutôt que par le raisonnement logique pouvant être compliqué et rébarbatif. La morale, fait appel au bon sens du lecteur. Il ne s'agit pas d'inculper des règles de conduites mais d'inspirer au lecteur une attitude sage et raisonnée. Cependant elle peut aussi avoir une dimension critique que la moralité n'explicite pas (certaines fables de La Fontaine sont des critiques à peine voilées de l a monarchie : critique de l'arbitraire royal ou des fastes de la cour).

➖L'utopie :  Véritable genre à part entière, l'utopie se développe avec la Renaissance. C'est un récit qui décrit une société idéale, dans le but d'établir une critique de la société contemporaine.

➖La parabole : Récit allégorique Biblique qui propose un enseignement religieux et moral.

Mise à part ses 4 formes principales, on le voit dans la nouvelle et le fabliau de part sa briévété, mais aussi dans certain mythes.

Quelques livres apologue :

La ferme des animaux de George Orwell

Le dernier jour d'un condamné de Victor Hugo

W ou le souvenir d'enfance de Georges Perec

1984 de George Orwell 

Blanche Neige des Frères Grimm

Le petit Prince de Saint -Exupéry

L'Alchimiste de Paolo Coelho 

Les fables d'Esope 

Les lettres persanes de Montesquieu

Les voyages Gulliver de Jonathan Swift  

Les fables de Jean de la Fontaine 

Candide de Voltaire

L'ingénu de Voltaire

L'Utopia de Thomas More 

Supplément au voyage de Bougainville de Denis Diderot

La cité  et les astres d'Arthur C. Clarke

Le meilleur des mondes d'Aldous Huxley

Date de dernière mise à jour : 19/03/2023

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