Matsuo Basho

Introduction

      Poète, peintre et moine bouddhiste japonais. Matsuo Basho, de son temps, fut considéré comme l'un des « six sages du haïku » (le haïku est un genre poétique). Aujourd'hui, on le compte parmi les trois grands écrivains de l'époque des Tokugawa, aux côtés de Saikaku et de Chikamatsu. C'est que Basho a su élever le haïku au rang d'un art, alors qu'avant lui ce genre ne pouvait prétendre qu'à celui de prouesse stylistique.

Sa vie

       Né en 1644, il est le fils d'une famille de bushi (guerriers), qui a perdu ce statut et qui vit d'agriculture. Il est embauché à la fin de son adolescence par la maison Tōdō, et devient compagnon littéraire de Toshitada, le fils du seigneur. Il développe alors son don pour la poésie. Basho reçoit en même temps que son seigneur l'enseignement d'un disciple du poète Kitamura Kigin. Toshitada meurt jeune en 1666, et Basho a vingt-deux ans à ce moment-là, libéré de la tutelle féodale par la mort de son suzerain, il prend l'habit de moine et se rend à Kyoto, où il étudie sous la direction de Kigin. Sa vie de 1667 à 1671 est peu connue, il aurait suivi l'enseignement de philosophie et de poésie de plusieurs maîtres, Kitamura Kigin, à Kyōto. En 1672, il quittera Kyoto pour Edo ; c'est alors qu'il publiera son premier recueil de poèmes. Même si ces premières tentatives poétiques sont souvent empreintes de l'influence de Kigin, le style personnel de Basho s'y dessine déjà. Une fois à Edo, Bashō adopte le nom de plume Tōsei. Après avoir occupé divers emplois, il parvint, arrivé à la trentaine, a gagner sa vie comme professeur de haikai. Il prend alors des disciples dont Kikaku, Ransetsu et Sanpū, qui le soutiendront jusqu'à sa mort. Il publie son premier recueil de poèmes.

      En 1680, il se retire soudainement dans le village de Fukagawa, sur la rive orientale de la Sumida-gawa. Il continue d'y pratiquer le haïku avec son groupe de disciples. Le surnom de cet endroit est « l'Ermitage au bananier » (Bashō-an) car un bananier lui avait été offert par l'un de ses disciples. Il le planta devant son ermitage – où il se trouve toujours – et lui emprunte son nom de plume.  Il mène une vie consacrée à l'étude, à la méditation, à la poésie. À ce moment, Bashō se met à étudier le bouddhisme zen sous la conduite du prêtre Butchō.

      En 1684, il entreprend une série de long voyages soliatire le plus souvent, qu'il raconte dans ses mémoires. Ça lui inspirera ses chefs-d'œuvre : les kiko (carnets de voyages). Il s'agit de journaux de voyage poétiques, écrits dans une prose rythmée, entrecoupée de haïku, qui en quelques syllabes suspendent le temps du récit. Bien plus que la description d'un paysage, chaque haïku est la cristallisation d'un sentiment, d'une impression, d'une émotion face à ce paysage. Le texte lui-même, en prose rythmée, tantôt description, tantôt méditation, sert de support au haïku. Il en dévoile le sens et le met en valeur. Le plus célèbre de ces kiko (la Route étroite des provinces du Nord) évoque les impressions recueillies au cours d'un voyage dans les montagnes du Nord et du Centre en 1689. Cette route passait à travers des sites célèbres dans l'histoire et la littérature. De nos jours, elle est jalonnée de stèles portant gravés des haïku de Basho tels :

« Le silence !

Vrillant le roc

Le cri des cigales »

C'est au cours d'un de ces voyages que Basho mourra, à Osaka, chez la poétesse Sono-Jo, en 1694. Mais son œuvre se poursuivra : ses disciples, notamment Enomoto Kikaku, composeront des recueils de haïku, mêlant leurs vers à ceux du maître. 

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